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À l’ère de l’économie de la connaissance, les éléments intangibles représentent une part toujours plus prépondérante du patrimoine des entreprises. Leur bonne prise en compte au bilan est indispensable pour assurer la transparence financière et guider la stratégie managériale.
Depuis dix ans, la proportion des actifs incorporels dans la valorisation des grandes sociétés est passée de 25 % à plus de 50 % de leur capitalisation boursière. Cette révolution nécessite des traitements comptables adaptés pour :
Recherche & développement, marques, logiciels, brevets : ces éléments structurent désormais la création de valeur. Le secteur high-tech consacre jusqu’à 20 % de son chiffre d’affaires à la R&D, contre 3 % il y a vingt ans.
Une mauvaise évaluation conduit à des écarts d’information pouvant fausser l’analyse de la solvabilité, du cycle d’exploitation et de la performance opérationnelle.
Avant d’aborder méthodes et pratiques, il est essentiel de clarifier les concepts fondamentaux.
Un actif incorporel est un actif non monétaire sans substance physique, identifié, contrôlé par l’entreprise, dont on attend des flux économiques futurs. Exemples :
L’amortissement répartit de manière systématique le coût d’un actif sur sa durée d’utilité, alors que la dépréciation constitue la constatation d’une perte de valeur lorsque la valeur recouvrable est inférieure à la valeur nette comptable.
Le Plan Comptable Général (PCG) encadre la comptabilisation des actifs incorporels en France.
Les articles 214-1 à 214-12 définissent la reconnaissance et l’évaluation initiale. Ils prévoient :
Le coût d’entrée correspond au prix d’acquisition pour un actif acheté, ou au coût de production (matières, main-d’œuvre, frais externes) pour un actif généré en interne.
La norme IAS 38 sur les actifs incorporels s’applique aux sociétés cotées en Europe et dans de nombreux pays.
IAS 38 impose :
Points de divergence principaux :
L’application des normes varie selon la taille de l’entreprise et le secteur d’activité.
Pharma et high-tech capitalisent massivement leurs frais de développement. Par exemple, une biotech peut immobiliser jusqu’à 12 M€ de coûts de développement sur un projet de médicament en phase III.
Les PME manquent souvent de ressources pour mettre en place des tests de valeur sophistiqués, tandis que les grands groupes disposent d’équipes dédiées et de systèmes ERP avancés.
Repérer correctement chaque actif est la première étape de la bonne comptabilisation.
Ces droits de propriété industrielle s’obtiennent souvent via un contrat d’acquisition ou à l’issue d’un long processus de développement.
Le fonds commercial, bien que non amortissable en France, subit éventuellement des tests de dépréciation. Les logiciels internes sont amortis sur 3 à 5 ans en fonction de leur obsolescence.
Pour qu’un actif incorporel soit inscrit au bilan, deux conditions cumulatives sont requises :
Une étude de marché ou un business plan solide peut étayer la probabilité d’exploitation commerciale d’un actif.
La valorisation doit reposer sur des pièces justificatives : devis fournisseurs, feuilles de temps R&D, factures de prestataires.
Deux méthodes principales déterminent le coût d’entrée :
Pour un actif acheté, le coût d’acquisition inclut le prix facturé, droits de douane, frais d’installation. Pour un actif produit en interne, on agrège :
En IFRS, la capitalisation des frais de développement est possible si :
Définir une durée d’utilité réaliste est un enjeu clé pour l’étalement du coût de l’actif.
Elle s’appuie sur :
Trois approches sont couramment utilisées :
Chaque année :
Amortissement d’un logiciel interne de 100 000 € sur 4 ans : dotation annuelle de 25 000 € en linéaire. Un brevet acquis à 500 000 € avec une durée d’utilité de 10 ans génère une charge annuelle de 50 000 €.
La dépréciation vise à ajuster la valeur comptable en cas de perte de valeur durable.
L’amortissement est programmé, la dépréciation est ponctuelle et liée à un indice défavorable ou à un événement externe.
Indices externes : évolution du marché, nouvelles réglementations. Indices internes : plan de restructuration, obsolescence anticipée.
Chaque actif est rattaché à une UGT, ensemble minimal identifiable produisant des flux indépendants.
On retient la plus haute valeur entre :
Si la valeur recouvrable est inférieure à la valeur nette comptable, la différence est enregistrée comme charge de dépréciation.
La charge de dépréciation est inscrite au compte 6863 « Dotations aux pertes de valeur des immobilisations incorporelles ». En annexe, l’entreprise détaille :
En IFRS, la reprise est possible si les raisons de la dépréciation ont disparu, dans la limite de la valeur amortie antérieurement. En PCG, la reprise est plus restreinte et souvent prohibée pour le goodwill.
Une entreprise de prêt-à-porter constate une chute de 40 % de ses ventes sur un marché-clé. La valeur comptable de la marque (5 M€) est retestée et la valeur recouvrable estimée à 2 M€, générant une charge de 3 M€.
Un plan R&D sur 5 ans pour un logiciel à venir a fait l’objet de capitalisation de 2 M€. À mi-parcours, un pivot stratégique modifie les perspectives : 1,2 M€ sont provisionnés en perte de valeur.
L’amortissement et la dépréciation pèsent différemment :
Un accroissement des amortissements peut dégrader le ratio d’endettement (dettes/actifs) tandis qu’une dépréciation pèse sur la solvabilité et le taux de couverture des immobilisations.
En France, l’amortissement est déductible du résultat imposable. L’entreprise peut également bénéficier du Crédit d’Impôt Recherche (CIR) et constituer une provision pour frais de R&D, renforçant sa trésorerie.
La gestion des actifs incorporels gagne en fiabilité grâce aux solutions numériques.
Modules ERP (SAP – FI-AA, Oracle Fixed Assets, Cegid) intègrent :
Les liens avec la comptabilité analytique et le contrôle de gestion permettent de :
Un référentiel documentaire conserve toutes les pièces justificatives (rapports techniques, notes de calcul, procès-verbaux de comités). Ces archives facilitent le travail des auditeurs et réduisent les risques de redressement.
L’efficacité du dispositif repose sur une organisation interne claire et une communication transparente.
En annexe des comptes, mentionner :
Une start-up EdTech a mis en place un amortissement linéaire sur 3 ans de son application mobile, réduisant de 25 % le délai d’accès au break-even grâce à une meilleure lisibilité financière vis-à-vis de ses investisseurs.
Un conglomérat industriel applique en parallèle le PCG pour sa filiale française et IFRS pour le reporting consolidé ; il ajuste chaque année ses durées d’utilité pour limiter les écarts de résultat entre les référentiels.
Après un plan de relance sectoriel, une société de jeux vidéo a pu rétablir la valeur d’usage de son engine propriétaire, entraînant une reprise de dépréciation de 1,5 M€ en IFRS.
À mesure que l’intelligence artificielle et la blockchain se diffusent, de nouveaux types d’actifs incorporels emergent : algorithmes propriétaires, data lakes, licences open source modifiées. Les évolutions réglementaires à l’étude pourraient imposer :
En réalité, l’enjeu est désormais d’articuler valorisation financière et pilotage stratégique : comprendre que chaque actif immatériel, correctement mesuré, devient un levier de croissance et de compétitivité durable.